28 Dec
Processus électoral : Corneille Nangaa, candidat à mort ?

Tous ses efforts de crédibiliser le processus électoral auront été vains. Son mandat risque d’être le plus noir comparativement à ses deux prédécesseurs avec qui il a pourtant travaillé. Pour cause, Corneille Nangaa est placé entre deux canons. S’il ne reçoit pas celui du camp au pouvoir, c’est celui de l’Opposition qui risque de l’emporter. Serait-il donc candidat à la mort ?


En effet, une méfiance terrible règne entre les deux camps. Le camp au pouvoir s’est consacré à préparer la répression contre les soulèvements de la population plutôt que les élections. Pour preuve, l’achat des matériels militaires dans les Etats de l’ex Union Soviétique.

Par contre, le camp dans l’Opposition ne s’est pas aussi préparé aux élections. On a une frange de l’Opposition qui ne s’est consacrée qu’à préparer l’insurrection. Il faut attendre leurs déclarations.

C’est ce qui justifie les violences verbales qui se développent dans les deux camps.

Echec d’une transition pacifique

Conséquence, c’est Nangaa qui devra le payer au prix le plus suprême dans la mesure où il est obligé de satisfaire un camp, celui qui est en train de le protéger.

Et pourtant, la RDC traverse le moment le plus crucial : contrairement à l’Algérie dont le Président inerte sur une chaise roulante tenant à briguer un cinquième mandat, Joseph Kabila, 47 ans, veut céder son fauteuil à quelqu’un d’autre d’une manière pacifique. Le seul Président de la RDC qui pourra rester vivant aux cotés de ses successeurs.

Cette fête risque d’être gâchée par les faucons et les extrémistes des deux côtés.

Irrégularités corrigées

Nangaa a fourni un effort pour corriger les erreurs des deux premiers cycles des élections de 2006 et de 2011 qui ont été suivis chacun des violences qui ont provoqué mort d’hommes, à Kinshasa comme en provinces.

Le nouveau Président de la CENI n’a pas voulu que l’on retombe dans les erreurs du passé.

Avec un pouvoir dont le slogan est :’’On gagne ou on gagne’’ et une Opposition qui ne jure que sur sa victoire, l’on craint que tous ses efforts ne soient jetés dans l’eau pour ramener encore le pays dans des violences qui risquent d’être beaucoup plus graves que celles de 2006 et de 2011.

Les corrections de Nangaa

En effet, lorsque l’Abbé Apollinaire Mohululungu Malu Malu est ramené à la CENI en 2013, il réfléchit sur des hommes qui peuvent l’aider à réaliser un processus électoral adaptable aux réalités de la RDC. Il jette son dévolu sur son ancien Superviseur Technique National des élections de 2006 au rang de Secrétaire Exécutif National Adjoint de la CENI. C’est Corneille Nangaa. Il traîne derrière lui une grande expérience de plus de 8 ans. Il a été dans tous les pays d’Afrique où les élections ont été organisées. En Côte d’Ivoire, il a été séquestré avec les membres de la CEI en 2011 lors des conflits postélectoraux.

Ce qui lui permet d’explorer toutes les possibilités de rationnaliser le coût des élections qui est une exigence pour la consolidation de la démocratie. Nangaa se jette dans la réflexion. Ses propositions sont adoptées par son Maître. Celui-ci n’a pas une longue vie. La maladie l’emporte. Nangaa le remplace. Il s’exerce à répondre aux plusieurs défis en ce qui concerne le temps, les arrangements politiques, le coût excessif des élections et la complexité logistique pour l’organisation en une séquence de trois scrutins.Il ne va pas trop loin. Il fouille dans les tiroirs de son maître. Il y trouve un vieux projet, celui consistant à développer un système de vote adapté aux défis congolais. D’où l’introduction de la Machine à Voter MAV.

Machine à voter

La machine à voter est un support qui facilite le vote. Elle est équipée d’un écran tactile, d’un scanner et d’une imprimante intégrés qui permettent à l’électeur d’exprimer son suffrage et d’imprimer instantanément le bulletin sécurisé avant de le déposer dans l’urne.C’est une innovation Nangaa congolaise qui présente 8 avantages, notamment : la réduction de 200 jours sur les 504 jours prévus par le calendrier électoral relatif à la commande, l’impression, le colisage et le déploiement des bulletins de vote ; les économies de près de 3000 millions de Usd sur le coût global du cycle électoral en cours et beaucoup plus pour les prochains cycles ; la possibilité d’organiser tous les scrutins prévus dans le cadre du processus électoral ; l’économie de 800 tonnes de matériel électoral à déployer à travers le pays, nécessitant près de 530 rotations d’avions ; la fiabilité et la transparence dans le processus électoral grâce à une double vérification de résultats des scrutins au dépouillement ; la réduction sensible du délai d’attente des résultats de vote ; la fluidité de la circulation dans le bureau de vote, soit une minute par personne plutôt qu’une dizaine avec l’ancien système pour les trois scrutins ; la réduction du nombre de bureaux de vote de 130.000 à 85.000 épargnant la mobilisation de plus de 300. 000 agents supplémentaires.

Réponse à l’environnement congolais

Outre les solutions qu’elle apporte, la machine à voter est conçue pour s’adapter aux conditions climatiques de la RDC et à son environnement. Elle dispose, en plus d’un écran tactile : d’une double batterie au Lithium incorporée (d’une autonomie de 4 heures) et externe (d’une autonomie de 48 heures) pour fonctionner indépendamment de l’énergie électrique ou des groupes électrogènes ; d’un lot de bulletins de vote à volume et poids réduits contribuant en une meilleure gestion des centres de compilations ; de la valise compacte, résistante au choc et aux intempéries, facile à transporter réduisant de 100 à 35 Kg le tonnage du matériel électoral à livrer dans chaque bureau de vote.

La machine à voter est donc une réponse à trois types de défis, à savoir financier, technique et Politique.

Par la réduction des coûts des élections, la machine à voter répond au défi financier des élections. Par l’organisation du vote, la machine à voter répond au défi technique des élections. Par l’organisation des trois scrutins en une fois, elle répond au défi politique conformément à l’accord. La machine à voter s’inscrit dans une logique visant à rendre le Gouvernement congolais capable de financer et d’assurer la régularité des élections. La machine à voter est une révolution en matière électorale en RDC. L’expérience congolaise servira d’exemple pour d’autres pays dans le monde. La machine à voter donne ainsi une raison de plus de croire au génie congolais.

L’apport de Basengezi

En route pour trouver les machines à voter, l’enfant de l’ancien Vice-président Basengezi est en Corée du Nord. Son père remplace Mpungwe pour le compte du PPRD. Les deux anciens experts échangent leurs expériences et trouvent que la Corée peut fournir les machines à voter ; la Chine, la quincaillerie électorale et l’Inde pour l’approvisionnement en sources d’énergie dont les panneaux solaires et la Corée du Sud pour les machines à voter.

Recette congolaise par les Congolais avec les moyens congolais

Vite les matériels sont achetés et déployés à travers le pays grâce aux moyens propres du Gouvernement congolais dont 7 hélicoptères neufs qui ont été pilotés par de jeunes Congolais dont la moyenne varie entre 21 et 27 ans ; 7 autres avions, grands porteurs dont 1 Boeing 300, 1 Boeing 737, 2 Boeing 727, pouvant prendre au moins 25 tonnes ; 1 DC8, pouvant prendre au moins 40 tonnes ; 1 Antonov 72 et 1 Antonov Iliouchine. Au total, une flotte aérienne de 14 avions pour transporter et ramener les matériels électoraux. Un jet privé a été aussi acquis pour superviser les élections par le staff de la CENI.

Il faut ajouter à cela, le VSAT qui a été livré pour offrir l’Internet et l’Intranet pour servir le processus électoral.

L’innovation Nangaa

La machine à voter vient ainsi répondre au contexte électoral de la RDC. Un pays dont la démocratie est trop jeune et fébrile, mais qui a fait usage des TIC dès l’origine des élections. Cet usage a été dicté par deux facteurs, à savoir la méfiance des acteurs politiques et l’imposition des bailleurs de fonds-fournisseurs. Ainsi, la RDC est le premier pays africain à avoir constitué un fichier électoral biométrique. Le processus électoral est totalement conduit par les TIC en partant de la cartographie : GPS, base des données GIS, Cartes interactives ; enrôlement des électeurs : Biométrie (emprunte, photographie et ordinateur), la base de données et AFIS/ABIS (système automatique d’identification ; inscription des candidats : logiciels conçus par la CENI, base de données et AFIS/ABIS et enfin, au niveau des élections et proclamation des résultats : logiciels conçus par la CENI, la base de données et la machine à voter. Ce qui conduit automatiquement à la transmission sécurisée des données.

La lutte contre la fraude

En rapport avec la lutte contre la tricherie, la CENI a mis les bouchées doubles. De chaque bureau de vote, dès qu'on finit les opérations, les résultats seront consolidés sur les procès-verbaux qui seront affichés le même jour. Le parti qui aura des témoins partout pourra avoir ses résultats le même jour. Ces résultats ainsi consolidés seront transmis sous plis fermés et scellés dans 179 centres de compilation situés au niveau des chefs-lieux des territoires et villes. Après le vote, les dépouillements, on transcrit les résultats de chaque candidat. Les Pv sont affichés. On mettra les Pv qui seront scellés sous plis fermés pour les envoyer vers les centres locaux de compilation. De centres de compilations vers le siège pour proclamer les résultats.

Tout se fait simultanément de telle sorte qu’aujourd’hui, il sera très difficile aux chefs des centres de compilation de trafiquer les résultats. Dès que les résultats sont saisis, ils sont simultanément transmis au siège national et aux secrétariats exécutifs. Ce qui prive ainsi aux chefs des centres la possibilité de tricher. Toute modification due par exemple au décalage des voix entre la machine et les bulletins comptés dans l’urne ne peut être opérée que sur accord du siège après avoir démontré les raisons.

La saisie prend les résultats au même moment que celui qui est au siège et à la réception.

Les défis

Ce qui est sûr, est que les élections seront organisées ce 30 décembre prochain. Il n’y a plus de raisons qui puissent justifier leur report. Cependant, ‘’L'enjeu aujourd'hui est que l'on se pose la question : comment ça va se passer après les élections ?’’.

C’est l’après-élection qui est très dangereux avec Bemba qui tient à arrêter avec son exil ponctué par dix ans de prison ; Katumbi, coincé par force à rester en exil.


Au pays, ceux qui ont dirigé, ne veulent pas aussi quitter. Ils cherchent par tous les moyens, comment garder leurs honneurs et privilèges.

La seule personne qu’il faudra éliminer sera certainement Nangaa qui, estime-t-on, en pèse le poids de la mesure.

Faudra-t-il le tuer ou le livrer à la honte comme ses deux prédécesseurs ? Le pays a encore besoin de lui, dans la mesure où il jouit d’une expérience qui le place dans le giron de 3 meilleurs experts électoraux en Afrique et parmi les dix au monde.


Il est donc important que les Congolais acceptent de privilégier l’essentiel qui n’est autre que le Congo où un jeune Président s’apprête à quitter le pouvoir pendant que Bouteflika, invalide et trop vieux tient à se présenter aux prochains scrutins.

 

Anastaili Nku

 

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