Jeudi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, l'Ambassadeur américain adjoint s'était même agacé de ce silence. « Le temps de la gesticulation est terminé », a averti Jonathan Cohen. Ce qui a énervé l'entourage du Chef de l'Etat congolais qui continue de parler d'ingérence. Ces dernières 72 heures, Joseph Kabila a reçu par petits groupes les différentes composantes du FCC, cette plateforme dont il est l'autorité morale. Une plateforme aux contours encore flous, puisqu'il existe déjà une majorité et un parti présidentiel.
La création du FCC avait été annoncée début juin par un communiqué adopté en Conseil des ministres, ce qui avait fait grincer des dents. Son objectif, tel qu'annoncé à l'époque, est bien de soutenir une candidature unique. Pour ses membres, des politiciens, comme des personnalités, il s'agit « de participer, sur la base d’un programme commun, à la conquête démocratique du pouvoir à tous les niveaux aux prochains scrutins pour lesquels les membres de la coalition apporteront leur soutien à une candidature unique à l’élection présidentielle ».
Aux membres de cette plateforme, d'abord, le Chef de l'Etat a dit qu'il était là pour les écouter. Avec certains, Joseph Kabila a pris le temps de parler des candidatures pour les provinciales, comme pour les législatives. Depuis 2011, sa coalition n'a cessé de s'élargir avec le ralliement de certains opposants et cela crée un peu de mécontentement, notamment sur les moyens mis sur la table pour les candidatures des uns comme des autres. Mais le Président Kabila a surtout demandé aux membres du FCC quatre noms de candidats potentiels pour la présidentielle.
Des noms de dauphins avancés ?
A une semaine de la fin du dépôt des candidatures, la question du dauphin avait toujours été éludée, même si des noms avaient circulé : Aubin Minaku, Président de l'Assemblée nationale, ou Augustin Matata Ponyo, l'ex-Premier ministre. Ce weekend, un média congolais a même annoncé la candidature de Bahati Lukwebo, le ministre d'Etat chargé du plan, et autorité morale de la deuxième coalition de la majorité, avant de se rétracter.
Difficile de savoir si toutes ces discussions sont synonymes d’exclusion d’une candidature de Joseph Kabila. Ceux qui sont consultés ont parfois un entendement différent des propos du Chef de l'Etat. Pour certains, c'est fait, c'est clair, Joseph Kabila ne sera pas candidat à la présidentielle. Mais son parti, le PPRD, continue d'entretenir depuis des mois l'ambiguïté, assurant que si la Constitution prévoyait une limite du nombre de mandats à deux mandats, la réforme constitutionnelle de 2011 et le passage du scrutin de la présidentielle de deux à un tour suffisait à dire que c'était une nouvelle Constitution.
La semaine dernière, la ligue des jeunes du PPRD avait annoncé que sa nouvelle devise était : « Le Congo, ma passion. Le PPRD, mon parti. Joseph Kabila, mon président ». On a même entendu certains membres de sa majorité appeler en meeting leurs partisans à voter Joseph Kabila. Un membre du FCC a confié à RFI : « Quand le Président a demandé quatre noms à ma coalition, on lui a répondu qu'il n'y avait que lui et on n'est pas les seuls ». Le président Kabila aurait été « ému » par cette déclaration, mais n'aurait pas répondu.
En tout cas, Joseph Kabila a promulgué ce week-end la loi octroyant un statut et une immunité supplémentaire aux anciens chefs d'Etat. Jusqu’à cet instant, Joseph Kabila n’a désigné que Joseph Kabila à sa succession. Parce que les discussions auxquelles il a appelé ses poulains ne peuvent se comprendre deux ans après qu’il ait épuisé ses deux mandats constitutionnels. Les récentes nominations dans l’armée, dans les cours et tribunaux et dans la police présagent un décor du chaos dans lequel il voudrait plonger le pays, si il ne sait pas être désigné seul candidat à sa propre succession. De gré ou de force, aucun signe n’indique que Joseph Kabila veut quitter le pouvoir en dehors peut-être de son épouse.
Les heures qui suivent seront très riches en événements.
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