Ce magistrat sage et rigoureux, a éconduit cette observation, qui risque de faire porter à sa juridiction le poids de restreindre la liberté de presse dans l’affaire qui oppose le Ministère public aux deux agents contrôleurs de Transco et aux deux policiers affectés à la garde dans cette société de transport urbain.
Cet officier supérieur, sage, apparemment très expérimenté, craignant Dieu et soucieux de connaitre la vérité dans cette affaire, n’a ménagé aucun effort pour avoir sa lanterne bien éclairé. C’est ce qui justifie la dextérité qui a conduit les débats dans cette affaire de crime de sang où ce grand magistrat a fait passer tous ceux qui pouvaient contribuer à l’éclatement de la vérité. Partant des agents de Transco ayant presté le jour où l’irréparable est arrivé en date du 1er juin de l’année passée : Régulateur, le Conseiller juridique, le chauffeur et la perceptrice du bus où le drame s’est produit. Tous ont fourni leurs renseignements en dehors des deux policiers qui avaient accompagné le Conseiller juridique.
Surtout les deux grands renseignements fournis par le monde médical dont le Médecin de la Polyclinique des Anges qui avait reçu le corps sans vie de Patrick Kimpenda et le médecin légiste qui a éclairé la lanterne sur les conditions de la mort du défunt au regard du rapport de l’autopsie qui a été diffusé par la presse.
Les faits tels que rapportés et commentés par la presse ont projeté Transco sur ses quatre chevaux au point de solliciter le retrait de la presse des audiences. Une demande à laquelle n’a pas cédé le tribunal qui avait interdit de filmer les débats dans ces audiences, mais avait recommandé aux journalistes de suivre et exploiter les images des audiences antérieures.
Malgré cela, Transco tient par son Conseil à obtenir le huis-clos.
Une attitude qui cache la volonté de cette société à brouiller la vérité.
Parce que le conseil de Transco, également tenu par un avocat de grande valeur, très plongé dans le droit, doux et calme, aurait compris le principe qui conduit professionnel des medias : ‘’Les faits sont sacrés et le commentaire libre’’.
Bien plus, ce ne sont pas les commentaires de la presse qui peuvent influencer la conviction d’une composition aussi méticuleuse comme celle-ci, tenue par des Juges dont les questions reflètent une hauteur dans la sagesse et la quête de la vérité.
Ce n’est pas non plus les commentaires de la presse qui peuvent bousculer la conviction de l’officier du ministère public, un juriste de haute facture dont les interventions sont teintées d’une intelligence qui ne peut être corrompue par n’importe quel commentaire de la presse face aux faits qui sont sacrés.
Ce n’est donc pas à ce niveau que l’on peut demander à la presse de vider les lieux. Ce qui donnera raison à ceux qui croient que Transco veut rouler tout le monde pour imposer sa version qui consiste à priver l’opinion de la vérité des faits dans cette affaire. Parce que les débats ont été pratiquement clos. Mais c’est le tribunal qui veut procéder à la lecture des procès verbaux et de toutes les pièces et images versées au dossier.
En rapport avec la dernière audience du vendredi 03 mars dernier, elle a été consacrée à l’audition du réceptionniste de la Polyclinique des Anges et de son responsable.
A la barre, le réceptionniste a été appelé et identifié. Il s’est agi de Monsieur Trésor Luhangu, infirmier de profession, travaillant pour le compte de cette polyclinique depuis 2014. Cet infirmier a dit ne pas reconnaitre physiquement les policiers qui lui avaient apporté le corps de Patrick Kimpenda. Toutefois, il s’est rappelé que le corps de Patrick lui a été apporté à 22h27’. Seule personne par lui reconnue dans la salle, le père du défunt qu’il avait vu à la Polyclinique au lendemain du décès de Patrick Kimpenda.
Procédant au conte du récit, Trésor Luhangu a indiqué qu’il a d’abord reçu un agent de Transco qui est entré en grande vitesse dans son office. Celui-ci lui a demandé s’il recevait les malades. Affirmatif, a-t-il répondu, avant de vouloir savoir si le requérant avait une recommandation du Service social de Transco, selon les dernières dispositions, lorsqu’il a identifié celui-ci par son badge Transco au cou. Le requérant qui n’est autre que le Régulateur qu’il a réussi à identifier de par sa masse à la suite de la question de l’Officier du Ministère public, a souhaité parler avec le responsable. Ce qui fut fait, a-t-il déclaré. Le régulateur a apporté le téléphone à Me Ngoy, PCA de l’ONG qui fait fonctionner la polyclinique pour échanger avec la hiérarchie au bout du fil. Le PCA a ainsi donné l’aval à l’infirmer de recevoir le malade après avoir parlé avec la hiérarchie de Transco. Le requérant lui a dit au PCA que le malade avait piqué une crise d’épilepsie, a déposé l’infirmier.
Trésor Luhangu a précisé par ailleurs que le malade lui a été apporté par quatre personnes qui le transportaient en position de poulet rôti, écartelé dont chaque personne tenait à un des membres inferieurs, a-t-il déclaré devant le tribunal.
Ainsi, il a vite procédé aux tout premiers examens : tension et température. C’est là qu’il va constater que la tension du patient était à 00(zéro-zéro), tandis que sa température était à 33°c, dans un corps très froid, a-t-il signalé.
A la descente du corps dans son office, a expliqué le réceptionniste, un des agents de Transco a introduit les mains dans sa poche pour sortir sa carte d’électeur qui lui a permis de l’identifier.
Pour les agents de Transco, le malade avait piqué une crise d’épilepsie dans le bus, a-t-il déclaré.
Appelé à la barre à son tour, Me Ngoy Pemba, avocat de profession et Président du Conseil d’administration de l’Ong sous le label de laquelle travaille la Polyclinique, a indiqué qu’il a été alerté par un infirmier de la présence d’un cas d’un malade venant de Transco. Il va protester que celui-ci ne peut être reçu qu’avec la recommandation du Chef de service social. Ainsi, le régulateur qui était là sur place, a appelé son chef au téléphone et l’a mis en contact avec le Pca de l’ONG qui a ainsi donné l’autorisation que le malade soit pris en charge.
Après les examens préliminaires, le médecin est venu lui faire rapport que la personne qui a été amenée comme malade était déjà mort, plusieurs heures avant. Il a ainsi demandé aux agents Transco qui l’avaient transporté de reprendre le corps et l’acheminer vers la Morgue. Tous auraient pris la poudre d’escampette se recroquevillant derrière le prétexte de requérir l’autorisation de la hiérarchie, a-t-il indiqué.
Voilà pourquoi, il va solliciter l’évacuation des malades dans une des chambres de Polyclinique pour y placer le mort, a-t-il indiqué, avant de préciser que la garde de ce corps sans vie a lourdement préjudicié à sa clinique qui n’a reçu aucun malade, ni cette nuit, ni le lendemain. Tous les malades avaient peur de venir une polyclinique qui avait un gardé un cadavre
Ce qui l’a obligé à mener les démarches pour pousser Transco à venir prendre le corps.
Ainsi, après avoir reçu la réquisition du Parquet de Ndjili, Transco va venir chercher le corps vers 16 heures en compagnie de la famille du défunt, a-t-il révélé.
Le lendemain matin, a-t-il rappelé, le médecin lui a fait part de l’écoulement par les narines et la bouche du sang qui avait taché les draps où le corps avait été couvert.
Répliquant à ces deux renseignements, le conseil des prévenus civils, a voulu ramener la discussion autour de la couleur de la tenue des agents de Transco. Pour lui et selon le témoignage du Régulateur, les deux agents de Transco n’étaient pas en tenue rouge qui est réservée aux agents contrôleurs.
Ce qui a soulevé les cheveux de Me Ngoy, PCA de la Polyclinique des Anges pour faire remarquer que l’observation du conseil des prévenus de Transco aurait prospérait au cas où le Régulateur n’aurait pas reconnu qu’il a échangé avec lui. Dans la mesure où celui-ci confirme, avoir pris langue avec le PCA, que les agents aient été habillés de n’importe quelle manière, cette observation n’avait plus sa raison, s’est justifié Me Ngoy.
De la même manière, le conseil de la partie civile a relevé que l’avantage qu’a le prévenu, est aussi de mentir, au regard de la déposition du policier de soutenir qu’il était le seul à être en tenue, sans armes et que les agents Transco qui avaient transporté le corps n’étaient pas en rouge. Invraisemblable, selon le conseil de la partie civile qui ne pouvait pas s’imaginer à des heures tardives, un policier se débarrasser de l’unique élément de dissuasion sur lui, l’arme surtout qu’il s’agissait d’un cas d’un homme donné pour séquestré et agressé.
Après ces deux renseignements, le tribunal a commencé clôturé les débats pour procéder à lire tous les procès verbaux ainsi que les pièces versées au dossier.
Un exercice qui a été interrompu par les avocats qui ont plaidé pour que le tribunal passe outre.
Le Tribunal a insisté et demandé aux parties de se soumettre à cet exercice qui consiste à confronter chaque partie devant ses déclarations contenues dans les PV devant les OPJ et les dépositions faites par devant le tribunal.
Dossier à suivre.
Nicole Kakese/CP