Les chefs des troupes de Gédéon Kyungu Mutanda sont à Kinshasa. Ce sont eux qui les entretiennent. Ce sont eux qui les commandent. Ils ont juste placé quelqu’un à leur tête qui n’a aucun contrôle sur eux.
L’origine de la révolte
Même lorsqu’elles ont été appelées à sévir contre les miliciens de Kamuina Nsapu dans le Grand Kasaï, l’ordre est venu de Kinshasa. Gédéon Kyungu Mutanda qui n’a jamais pardonné à Joseph Kabila le fait d’avoir abandonné tous les commandants des milices Mai-Mai du Katanga, mises en place par Mzée Laurent Désiré Kabila dans le cadre de la Force d’Autodéfense Populaire, FAP ne savait pas qu’il n’était qu’un épouvantail. Chinja Chinja, Macabées, etc., ont vu leurs collègues du Kivu et de l’Ituri élevés au rang des Généraux pendant qu’eux ont été abandonnés. Et pourtant, en tant que Commandant des opérations et Chef d’état-major adjoint en charge des Forces Terrestres, Joseph Kabila avait abandonné le front de Pweto, laissant aux mains des Rwandais qui étaient dans le RCD tout l’armement qu’avait acquis son père de la Russie et qui lui avait coûté beaucoup d’argent. Ce qui l’avait même opposé à son père qui cherchait comment le juger, le faire condamner et le tuer. Il n’avait bénéficié que du soutien et de la protection de l’ancien Gouverneur du Katanga, Monsieur Katumba Mwanke qui a été tué dans les conditions mystérieuses le 12 février 2012. Les Katangais se sont tus et n’ont jamais demandé des comptes quant à cette mort qui a été précédée par celle de Samba Kaputo ou du Rund Conseiller Juridique de l’ancien Chef de l’Etat Joseph Kabila.
La révolte des ex miliciens katangais
Ce sont donc les commandants miliciens dont Gédéon Kyungu Mutanda qui avaient stoppé l’ennemi rwandais qui comptait prendre le Katanga et le Kasaï pour se servir des richesses de la Gécamines et de la MIBA et progresser sur Kinshasa.
Plus tard, alors que leurs pairs du Grand Kivu et de l’Ituri ont été élevés au rang des Généraux, Colonels, bref, Officiers Supérieurs dans la Police ou dans l’Armée, les miliciens katangais ont été abandonnés à leur triste sort. En revanche, ce sont leurs bourreaux dont ils avaient stoppé l’avancée qui sont devenus des Généraux jusqu’à conduire le Katanga. Voilà ce qui les a révoltés pour commencer à s’attaquer à leurs frères et sœurs du Katanga. Chinja Chinja, Macchabées, Gédéon, …, ont installé la terreur dans le Nord-Katanga de l’époque. Ils pouvaient se permettre de tuer, de devenir même cannibales tout simplement pour lancer un message.
C’est un autre Katangais, aussi Mulubakat, Pasteur Ngoie Mulunda qui sera utilisé pour leur réédition à travers l’opération ‘’Vélo contre 100$’’. Mulunda va réussir, ce qui va lui valoir le poste de Président de la CENI plus tard, à ramener ces seigneurs de guerre à Lubumbashi et Kinshasa. Ceux qui ont été amenés à Kinshasa ont été tout simplement mis en prison. Ce qui va davantage endurcir ceux qui sont restés en brousse. Leur rage va augmenter jusqu’à arrestation de Gédéon que Mulunda avait amené en paix et présenté au Gouverneur du Katanga de l’époque, Dr Kisula Ngoie. Comprenant qu’ils ont été piégés, beaucoup se sont ainsi recroquevillés en brousse et se sont endurcis pour poursuivre les massacres contre leurs propres frères. Gédéon fut jugé, condamné et placé à la Prison Centrale de la Kasapa.
Evasion
Le chef de ses troupes va ordonner qu’il s’évade. Ce qu’il fit. Alors que le Président Joseph Kabila avait déjà décidé sa mort.
Ce n’est que vers la fin du mandat de Joseph Kabila que ses chefs vont lui demander de rentrer à Lubumbashi où il a été accueilli comme un héros en présence de l’un des chefs de ses troupes, Kalev Mutond sous le Gouvernorat de Jean-Claude Kazembe. C’était décidé ainsi au regard de la situation qui prévalait au pays face à la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila. Les troupes de Bakata Katanga auraient été présentés à Kabila comme bouclier en cas de résistance du peuple contre le 3ème mandat. Voilà pourquoi il a été habillé d’un polo frappé bde l’effigie de Joseph Kabila où il était marqué en Kilubakat :’’Shikata’’, correspondant de Udumu en swahili ou de Wumela en lingala.
Enfin, il comprit
Jusques là, logé dans une villa au Golf, Gédéon Kyungu Mutanda n’avait pas encore compris qu’il a été utilisé comme un épouvantail pour que les tireurs des ficelles, qui se sont enrichis sur son dos par la construction de grands immeubles à Lubumbashi et à Kinshasa.
Sa femme l’a compris tard lorsque les troupes de son mari ont été manipulées à partir de Kinshasa pour participer à l’insurrection le 10 octobre dernier qui devrait être précédée par l’assassinat du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, lors de l’abattage de son avion dans le Maniema par une autre milice dont le Commandant est un Officier hautement Supérieur dans les FARDC.
Une coïncidence qui ne pouvait être bien comprise par ceux qui maitrisent la scène politique de la RDC où il n’y a jamais eu de passation pacifique du pouvoir. Les lieutenants de Joseph Kabila veulent en finir avec Félix-Antoine Tshisekedi avant la fin de son mandat.
Graves révélations
La femme de Gédéon Kyungu Mutanda l’a si bien compris. Elle l’a révélé dans une interview accordée à la presse où elle fait de graves révélations. Dans cette vidéo, largement partagée dans les réseaux sociaux, Mme Kyundu indique que son mari n’a jamais géré le Mouvement des Bakata Katanga : ‘’ …Mon mari avait dit au Président Joseph Kabila que je ne suis pas le Président des Bakata Katanga. Depuis longtemps, j’avais compris que j’étais utilisé. Voilà pourquoi j’ai quitté ce mouvement des Bakata Katanga. Ainsi, il a négocié avec le Gouvernement et a remis toutes les armes. Il a remis tous les éléments au Gouvernement après négociations. Désormais, il est sous le drapeau de la RDC. Il travaille pour le Gouvernement de la RDC. Tout ce dont il est calomnié qu’il est Mkata Katanga, il ne l’est pas. Ceux qui le géraient depuis, ce sont eux qui sont encore en train de gérer ses éléments jusqu’aujourd’hui. Jusqu’à la date du 11 octobre, qui correspond à son anniversaire. C’est aussi le 11 octobre où le grand-père (Ndrl : Gédéon) a quitté la brousse. Ainsi, il tenait à célébrer cela comme c’était le 3ème anniversaire depuis qu’il avait quitté la brousse. C’est pour cette raison qu’il a tenu à organiser le meeting sur la place de la poste (Centre-ville de Lubumbashi). Alors les politiciens qui l’exploitent l’ont appris. Ils ont ainsi appelé leurs troupes qu’ils utilisent dans la brousse. Du coup, Gédéon a compris qu’il y a avait un danger. Voilà pourquoi, il va annuler cette célébration à la place de la poste pour la ramener dans un cadre restreint à la maison. Parce qu’il y aura quelque chose de mauvais en ville sur la place de la poste. Alors ces politiciens, tireurs des ficelles qui utilisent ces jeunes gens ne savaient pas que Gédéon ne va plus se rendre en ville. Déjà invités par leurs tireurs des ficelles, ces jeunes gens (troupes des Bakata Katanga) sont venus faire du désordre en ville. Nous avons été ainsi appelés par le Général, le Gouverneur. Nous leur avons dit que nous, nous sommes à la maison et ne sommes pas au courant de ce qui se passe. Et nous avions à la maison tous les services du Gouvernement que nous avions invités pour célébrer avec nous, et l’anniversaire de Nkambo, et le troisième anniversaire depuis sa sortie de la brousse. Après cette commémoration, tous les agents et cadres du Gouvernement sont rentrés chez eux. Cependant dans leur élan des mensonges, qu’ils ont usés pour calomnier Nkambo auprès de Joseph Kabila. Ils reprennent les mêmes calomnies auprès du Président Tshisekedi pour qu’il le laisse et l’abandonne comme Joseph Kabila Kabange l’avait fait. Ces mensonges, nous les refusons. Ils nous calomniaient parce que nous étions en brousses, sans journaliste, sans presse, sans caméras, ni téléphone. Ils ne vont plus nous calomnier. S’ils veulent nous faire du mal, qu’ils s’assument en leurs propres noms. Ils ont construit beaucoup d’immeubles sur la tête de Nkambo. Leurs enfants étudient en Occident sur la tête de Nkambo. Ils ont fait la même chose sous le règne du Président Kabila. Ils rééditent leurs mêmes exploits sous Félix Tshisekedi. Ils ont l’argent. Ils ont construit beaucoup d’immeubles ici à Lubumbashi. Ceux qui travaillent pour le parti politique MIRA, n’ont rien. Ils ne se retrouvent que grâce à Nkambo. Maintenant qu’ils le laissent tranquille. Nous refusons ce mensonge. Que chacun assume ses actions politiques en son propre nom au lieu de se servir du nom de Nkambo. Merci.’’
Tous les services des renseignements militaires comme civils sont au courant de cette réalité. Mais ils se l’offusquent pour constituer une grande délégation de plus de 80 personnes pour aller à Lubumbashi pour traquer Gédéon. Pire, le chef des troupes de Gédéon est dans cette délégation qu’est-ce que l’on peut attendre. Que le Président Félix-Antoine Tshisekedi arrête d’être complaisant.
Nicole Kakese