Le 24 janvier 2019, le nouveau Président de la République élu et proclamé par la Cour Constitutionnelle est investi. Peu avant son investiture, des ordonnances à la vas-vite sont lues sur les antennes de la RTNC annonçant la nomination de nouveaux Secrétaires Généraux. Sont nommés, dans la plupart de cas, des gens qui ne répondent pas aux critères, ni d’ancienneté, ni d’avoir gravi les échelons tel que c’est recommandé dans l’administration publique. Une mise en place et des recrutements sont opérés dans la fonction publique. Des recrutements et mises en place qui ne répondent qu’à un seul critère, la promotion de certains militants des partis politiques, essentiellement ceux du Ministre d’Etat et Ministre de la Fonction publique, Monsieur Michel Bongongo.
L’information fuite à la Présidence de la République. Parce que ces mises en place, recrutements devraient s’accompagner d’une opération de saigner à blanc le trésor public.
Le Président, à travers son Directeur de Cabinet, rend public un communiqué officiel le 25 janvier 2019. Ce communiqué suspend jusqu’à nouvel ordre, sauf sur autorisation préalable du Chef de l’Etat, tous les recrutements, toutes les mises en place dans les entreprises publiques, établissements publics ainsi que les engagements et liquidations des dépenses publiques autres que celles liées aux charges du personnel.
Entre temps, après la nomination du Directeur de Cabinet et du Directeur de Cabinet adjoint, le Chef de l’Etat nomme son Conseiller Spécial en matière de sécurité. Il s’agit de l’ancien Directeur Général de la Direction Générale de Migration, Monsieur François Beya. Il est dans l’obligation de le faire remplacer. Un ancien cadre, en suspension est rappelé pour assumer les charges de Directeur Général de la DGM. C’est ce qui justifie la nomination de Monsieur Roland Kashwantale Chihoza.
A peine arrivé, l’homme organise son Cabinet. Il a procédé par la nomination d’un Directeur de cabinet et de deux assistants principaux. Ils sont secondés dans leurs tâches par 8 assistants. En plus, de deux Secrétaires particuliers, il y a trois chargés de mission. 7 membres du Secrétariat administratif constituent l'ossature de ce cabinet avec 4 membres du protocole. Au total, 27 personnes composent ce gigantesque Cabinet du Directeur Général de la DGM.
C’est son droit le plus légitime, analysent les experts. Mais là où il est allé trop loin, c’est lorsqu’il se permet d’organiser une sorte de chasse à l’homme. Tous ceux dont les têtes ne lui plaisent pas sont décapités et remplacés par ses hommes de mains. C’est notamment à la Direction de la Chancellerie, la Division d’Immigration, la Division d’Emigration, le Bureau d’octroi des visas, la Commission Nationale d’octroi de visas d’établissement, le Bureau Analyses et Etudes, révèle une source dans les couloirs de ce service de l’Etat.
Dans tous ces chambardements opérés, il n’y a que la parole. Pas de notification. Ce qui met chaque responsable sur le qui-vive. Personne ne sait quand est-ce qu’il va quitter son poste pour une mutation, permutation ou ce qu’on appelle généralement garage, poursuit la même source qui précise que le travail se fait désormais dans une incertitude dictée par cette peur du lendemain créée pour des raisons tribales.
C’est un climat de terreur instaurée à la DG où les agents et cadres travaillent dans une sorte de psychose et de triomphalisme, selon que l’on se trouve proches ou non du nouveau DG.
Le Directeur Général de la DGM se serait couvert du Directeur de Cabinet du Président de la République et de la Première Dame pour lancer une chasse à tous les Kasaiens, en particulier. Ils seraient remplacés essentiellement par les Shi. Un règlement des comptes évidemment à l’égard de son prédécesseur nommé Conseiller Spécial du Chef de l’Etat. Une sorte d’épuration ethnique en effet, est en marche au niveau de la DGM. Tous ceux qui ont été chassés de leurs postes sont des Kasaiens qui ont pourtant gravi les échelons pour se retrouver à ces postes où ils sont remerciés et chassés par le nouveau DG qui doit avoir des problèmes personnels avec les Kasaiens, oubliant que grâce à la signature de l’un d’eux qu’il a été porté à ces hautes charges pendant qu’il était aussi chassé, se plaint la même source qui recommande que ce n’est pas le moment de division ou d’incitation à la haine tribale. L’heure est à la reconstruction du pays sous le leadership de Félix-Antoine Tshisekedi en qui on ne trouve pas cette tare. Si non, il ne se serait pas marié à une Shie du Sud-Kivu. Il ne se serait pas appuyé sur Vital Kamerhe pour remporter la victoire.
A ce niveau de responsabilité, il est recommandé à un mandataire d’avoir l’âme d’Etat plutôt que les états d’âme. Malheureusement, c’est ce qui se vit au sein de la Direction Générale de Migration où une seule tribu serait privilégiée.
Anastaili Nku