On n’attaque pas quelqu’un qui se bat pour sa survie politique. C’est la seule erreur de Modeste Bahati Lukwebo dans sa course au perchoir du sénat dont il se sait au départ perdant au regard du nombre des Sénateurs, membres de son parti et surtout de la discipline qui a toujours caractérisé ceux qui sont derrière Joseph Kabila, Autorité morale. Sur 108 sénateurs+Joseph Kabila, Modeste Bahati ne dispose que de 13 voix, la sienne propre, incluse. Et pourtant, Joseph Kabila se bat pour sa survie politique. Sous pressions de plusieurs contraintes tant au niveau national qu’international, Joseph Kabila fait tout pour rester sur la scène politique avec des apparitions intempestives. Son plan A, Shadary Emmanuel Ramazani, ayant échoué, il se cramponne sur le plan B, qui a consisté à céder le fauteuil présidentiel pour garder la main mise sur toutes les institutions du pays, outre les services de sécurité et de renseignements. Ce pari, Joseph Kabila semble l’avoir gagné avec les législatives nationales et provinciales suivies de l’examen des recours en contentieux électoral où la Cour Constitutionnelle a encore et davantage dégraissé dans la part de l’Opposition par l’invalidation de certains Députés. Il faut ajouter à cela, les élections aux bureaux définitifs des Assemblées provinciales, ainsi qu’aux Gouvernorats des provinces.
Les sénatoriales ayant également été gagnées, en dépit des méthodes utilisées, il ne restait que le perchoir, dont le Speaker est l’intérimaire constitutionnel du Président de la République en exercice. Tous les ballons d’essai envoyés dans l’opinion, ont démontré que l’élection de Joseph Kabila, comme Président du Sénat était impossible. Palliatif, trouver quelqu’un de très fidèle et de très loyal, capable de prendre des risques et de s’exposer aux différents dangers pour protéger l’ancien Président de la République et Sénateur à vie.
De ces personnes, on ne peut pas en compter dix, sans Alexis Thambwe Mwamba, contre qui plusieurs poursuites tant aux USA que dans l’Union Européenne, ont été lancées au nom et pour le compte de Joseph Kabila Kabange. Il n’y a donc que lui, avec la cohorte d’autres caciques comme Evariste Boshab (l’homme par qui la prolongation du mandat des deux ans a été obtenue grâce à la conception et l’exécution de l’insécurité au Kasaï), Kahumba Lufunda (l’inamovibe Directeur de Cabinet des Ministres de l’Intérieur qui a mis en place des plans réussis pour brimer l’Opposition et les activistes de la société civile) ou Tibasima, un ancien seigneur de guerre dont l’on connait le torpillage du domaine foncier depuis son passage à la tête du Ministère des Affaires foncières durant la Transition 1+4.
C’est impossible de faire face avec un Kabila qui a réussi à infantiliser les professeurs d’Université, les pères des familles, Députés, Sénateurs, Gouverneurs et autres cadres du pays dont certains ont l’âge de son père, qu’il fait aligner lorsqu’ils doivent se rendre à sa ferme de Kingakati.
Arrêt de mort de Bahati
Jugé très indépendant, depuis la fronde qu’il avait créée ensemble avec Olivier Kamitatu, Mbusa Nyamuisi et soupçonné d’être proche de G7 de Moïse Katumbi, Modeste Bahati Lukwebo a signé son arrêt de mort politique dans la mesure où il n’a pas montré sa fidélité à un individu, Joseph Kabila Kabange pour qui il n’a jamais pris aucun risque durant la période où celui-ci était aux prises avec la communauté tant nationale qu’internationale. Présenter sa candidature contre celle imposée par l’Autorité morale du Front Commun pour le Congo, est un crime de lèse-majesté. C’est un affront qui ne saura être toléré par la Kabilie dont l’on connait le degré de nuisance en termes de débauchage et de dédoublement des partis politiques qui sont allés en rébellion contre Joseph Kabila, notamment le Groupe des 7 partis politiques.
Voilà ce qui justifie le choix porté sur Néné Nkulu, la Minembwe de Bahati comme dans l’ARC d’Olivier Kamitatu. La Députée Nkulu ainsi que l’homme à tout faire pour le pouvoir, Steve Mbikayi, se laisseront utilisés pour abattre la grande machine Bahati qui a résisté contre vents et marrées. Tous les coups, même en dessous de la ceinture seront utilisés pour voir à terre Modeste Bahati ainsi que sa grosse machine AFDC.
Bon calculateur
A-t-il été précoce ?
Une autre opinion pense que Modeste Bahati dont le rapprochement avec CACH depuis l’Hôtel Béatrice, avait été signalé, à la suite de la proclamation des résultats provisoires, à la présidentielle, a choisi le bon moment pour recouvrer son indépendance. Surtout lorsqu’il faut penser à la gloutonnerie du PPRD qui ne veut rien partager avec les membres de la plateforme. Rester avec Joseph Kabila dans une plateforme où tout est pris par le PPRD qui ne laisse que les miettes aux partenaires, ferait une fois de plus signer en avance son arrêt de mort. Bahati aurait aussi bien joué, en prenant cette décision après que la Cour Constitutionnelle, ait rendu ses arrêts. Si non, il allait pleurer l’invalidation de différents Députés élus sur la liste de son regroupement politique et principalement ceux de l’AFDC.
Avec toutes les frustrations au sein du FCC, il était temps de quitter le navire avant qu’il ne chavire.
Pas d’idéal ou de conviction
Cependant Bahati n’a pas agi pour des raisons de conviction ou pour un idéal, mais plutôt parce qu’un poste, son poste personnel, lui a échappé.
Comme quoi, aucun politicien congolais n’a d’idéal à suivre que la quête d’un positionnement qui permet d’avoir un emploi dans un pays où seule l’occupation politique paie mieux.
JCN Katanga