Le constructeur automobile Ford s'est associé à IBM, au fabricant des batteries sud-coréen LG Chem et au plus grand producteur chinois de cobalt, Huayou Cobalt, pour tester le premier projet de chaîne de relèvement visant à retracer les approvisionnements en métal de la République démocratique du Congo. La nouvelle est tombée au début de cette année.
Le projet pilote, supervisé par le groupe multinational responsable des achats responsables, RCS Global, cherche à aider les fabricants à faire en sorte que le cobalt qu'ils utilisent ne soit pas associé aux violations des droits de l'homme.
Le cobalt produit à Kolwezi en RDC sera suivi dans la chaîne logistique lorsqu’il ira à la fonderie, à l’usine de cathode et des batteries de LG Chem en Corée du Sud jusqu’à l’usine de Ford aux États-Unis. Une piste d'audit sera créée sur la blockchain, qui inclura les données correspondantes pour fournir des preuves de la production de cobalt de la mine à l'utilisateur final.
Le projet pilote est la dernière tentative d'utilisation de la chaîne des blocs pour améliorer la transparence des chaînes mondiales d'approvisionnement mondiales.
Face à la demande croissante de cobalt, ce groupe s'est donné des objectifs clairs pour illustrer la manière dont le blockchain peut être utilisée pour renforcer la responsabilité de la chaîne d'approvisionnement minier.
Cette initiative constitue le dernier effort en date pour utiliser la chaîne des blocs afin d'améliorer la transparence des chaînes d'approvisionnement des produits de base au niveau mondial.
Blockchain est une technologie à l'origine de la crypto-monnaie ‘’bitcoin’’, fournit un enregistrement partagé des données détenues par un réseau d'ordinateurs individuels plutôt que par une seule partie.
Il existe déjà quelques exemples d’utilisation de blockchain dans l’industrie minière. De Beers, premier producteur mondial du diamant teste déjà sa plateforme qui permet de rechercher des pierres précieuses tout au long de la chaîne de valeur, de la mine à l’acheteur.
Tous les regards sont tournés la RDC
La RDC produit plus de 60% du cobalt dans le monde, mais une grande partie de celui-ci est envoyée en Chine pour être traitée par plusieurs sociétés avant d’être utilisée dans des batteries.
Le cobalt est un minerai très recherché pour son utilisation dans l’industrie électronique. Une vaste gamme de produits tels que les ordinateurs portables, les téléphones mobiles et les véhicules électriques ont besoin du cobalt. Actuellement, environ plus de deux tiers de la production du cobalt utilisé au monde provient de la RDC. Cependant, en raison de la pauvreté extrême au pays de la flambée, des milliers de Congolais se retrouvent dans l’ex-Katanga pour l’exploitation artisanale du cobalt. Question de survie.
Les mineurs artisanaux vendent leur production à des coopératives locales qui, à leur tour, les vendent ensuite aux marchands et aux commerçants locaux. Ces derniers vendent aux négociants internationaux qui exportent le cobalt sous forme de concentré.
Les vraies ou les fausses accusations
En 2014, l'UNICEF estimait qu'environ 40.000 enfants étaient impliqués dans l'exploitation minière artisanale en RDC. Et Amnesty International a déclaré que des enfants âgés de sept ans cherchaient des roches contenant du cobalt en RDC. Cela est faux.
Ces allégations, parmi d’autres, ont incité les multinationales à retrouver la trace du cobalt qu’elles utilisent pour éviter ainsi le risque d’inadvertance des matières premières issues du travail des enfants.
En 2016, Huayou Cobalt a été accusée par Amnesty International d'acheter le cobalt venant des enfants travaillant dans des «conditions dangereuses». Depuis lors, la société affirme avoir passé un audit de sa chaîne d'approvisionnement. Elle déclare avoir amélioré la situation.
« Ce projet pilote est au cœur de notre approche proactive pour fournir du cobalt éthique. Nous souhaitons également disposer des canaux d’informations solides et fiables pour prouver et démontrer cette action à nos clients », a déclaré Chen Hong Liang, Directeur Général de Huayou Cobalt.
Le groupe souhaite ouvrir la plate-forme aux autres constructeurs automobiles et aux sociétés de la chaîne d'approvisionnement et l'étendre pour inclure les différents métaux et matières premières des batteries.
Gaby KUBA BEKANGA