Finalement Antoine Gizenga rend l’âme :
Un héritage lourd à assumer par Lugi Gizenga !
Comme Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, Lugi Gizenga est enfin orphelin du père. Son père s’en va, pendant qu’il a les responsabilités au sein du Parti Lumumbiste Unifié, PALU, ce parti qui a permis à Joseph Kabila de l’emporter en 2006 face à Jean Pierre Bemba au second tour de l’élection présidentielle. La mort de ce monument historique de la RDC aura été voulue aussi bien par son fils, actuel Secrétaire Permanent que par les ministres PALU au Gouvernement de Kabila, qui ont utilisé ce héros vivant comme marchandise en vue de se faire gagner du temps au sein de la majorité au pouvoir hier. On les vus le transporter à la résidence de Joseph Kabila pour le montrer sur une chaise roulante comme partenaire de celui-ci en face des manœuvres d’Adolphe Muzito d’occuper son trône alors qu’il était encore vivant. Le cynisme des dirigeants du PALU est allé plus loin pour présenter Antoine Gizenga comme candidat à l’élection présidentielle du 30 décembre dernier. Voilà qu’aujourd’hui, il s’en va, après avoir donné le meilleur de lui-même pour l’indépendance de la RDC. Auraient-ils été dignes de lui, les cadres du PALU, auraient accordé depuis très longtemps le repos à cet héros de l’indépendance au lieu de le trimbaler honteusement comme ils eu à le faire. Est-ce une bénédiction ou une malédiction pour eux ? La suite des événements va le démontrer de la manière dont ils garderont la flamme du combat de Gizenga qu’ils ont trahi de son vivant allumé.
En effet, Antoine Gizenga est décédé ce dimanche 24 février à Kinshasa, à l’âge de 93 ans, rapportent les cadres du PALU.
Le Premier ministre honoraire de la RDC de 2006 à 2008 était malade et accusait la fatigue lors de ses rares apparitions.
Portrait
Antoine Gizenga Fundji est originaire de la province du Bandundu. Il était marié à Anne Mbuba et père de quatre enfants. Considéré comme l’un des pères de l’indépendance congolaise, il devient chef du parti Solidaire Africain, PSA, en 1959. Il est ensuite élu député national lors des législatives de 1960. Il devient par ce fait vice-premier ministre dans le gouvernement Lumumba. Il dirige alors à Kisangani le gouvernement de la République populaire du Congo, une rébellion d’après le coup de force de Mobutu de septembre 1960.
A l’issue du conclave de Lovanium en août 1961, il est nommé vice-premier ministre dans le gouvernement de Cyrille Adoula. Destitué quelques temps après, il est emprisonné jusqu’en 1964 sur l’île Bula Mbemba à l’embouchure du fleuve Congo. Libéré par le premier ministre Moïse Tshombe en juillet 1964, il crée le 22 août suivant, avec d’autres dirigeants nationalistes, le Parti lumumbiste unifié (PALU), dont il est élu Secrétaire Général. Arrêté de nouveau, il est en résidence surveillée pendant 14 mois jusqu’au coup d’Etat du 24 novembre 1965.
A la prise du pouvoir par Mobutu Sese Seko dans les années 65, Gizenga se réfugie tour à tour à Moscou, en Angola et au Congo-Brazzaville. Il restera ainsi opposant au régime de Mobutu. Puis, il se démarque de l’autre opposant Etienne Tshisekedi dans le processus électoral. Il se porte candidat à l’élection présidentielle. Le Secrétaire général du Palu est battu au premier tour du scrutin. Mais il occupe la 3è position après Jean-Pierre Bemba. Son score de 13 % de voix réalisé au premier tour attire Kabila. Les deux hommes signent une alliance. C’est cette alliance qui l’a porté à la primature qu’il quitte en 2008.
Sur le plan professionnel, M. Gizenga a débuté ses études au petit séminaire de Kinzambi au Kwilu. Jusqu’en 1947, il étudie la philosophie thomiste au grand séminaire de Mayidi dans le Kongo Central. Fonctionnaire à la Banque du Congo belge, il travaille ensuite à la sûreté coloniale à Léopoldville. Antoine Gizenga embrasse la profession d’enseignant et s’engage dans la vie politique.
Le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), Georges Kapiamba a affirmé, au cours d’une interview à Radio Okapi ce dimanche 24 février que pour lui, Antoine Gizenga est un militant infatigable de l’indépendance de la RDC. ‘’Il est parmi les Congolais qui s’étaient battus pour l’indépendance et la souveraineté de la RDC. N’oubliez pas que c’est parmi les plus proches de Lumumba qui a voulu continuer le combat de Lumumba en s’organisant dans un gouvernement, à l’époque, dans l’ancienne Province orientale. Il a été un militant infatigable de la souveraineté et de l’indépendance de la RDC’’, a rappelé Georges Kapiamba.
Selon lui, l’illustre disparu est un modèle des hommes politiques capables de renoncer à ses intérêts personnels pour le bien de la communauté.
‘’ S’agissant du processus démocratique, je retiens qu’il a donné l’exemple d’un démocrate par les concessions dont il a fait preuve en participant à certains gouvernements, notamment en 2006’’, note Georges Kapiamba.